[ Poussière d'époque ]

On se retrouve face aux preuves évidentes d'un temps qui passe en accumulant sa poussière sur les bocaux de verre de nos existences molles. Dans la maison survivante on dirait que les pièces ont changé de taille et que les murs se sont resserrés, il faut quelques secondes à l'esprit pour comprendre que c'est nos propres tailles qui en fait ont grandis et qui se développent tant qu'elles remplissent à présent l'espace. L'impression d'un monde plus compact et plus tassé reste pourtant entière. La vieille époque semblait plus douce, sur la caméra super 8 j'arrive à entrevoir dans le grain de l'image quelque chose qui n'existe plus. Les bambins jouaient à se rouler dans l'herbe loin des villes, des marmots minuscules qui jouent avec les chiens dans le fond du jardin et c'est comme si on avait tout perdu.

Dans les flammes chaudes de la cheminée, dans le couvert étincelant et dans le sourire vrai des vieux je retrouve la tiédeur de la joie de vivre et d'une génération qui a connu la guerre, je vois dans leurs yeux la construction de leur famille et la récompense d'un repos mérité, d'une fin qui arrivera un jour par nature et par force. Je me laisse attendrire par les joues d'un bébé qui vient de naître et je me pose des questions quand à ses souvenirs dans ce monde massacré. Ne m'en veux pas si je tremble, mais on a étouffé quelque chose, avec de l'ether et du feu. Il faut se baillonner l'esprit pour entendre son corps qui respire la tendresse dans un monde ou nos crânes se transforment hypocrites. Le foin et la poussière prennent l'odeur de la joie et quelque part il neige. Me fondre dans l'absence et garder un espoir, vaurien, et maladroit, un espoir de douceur qui appelle ta sueur, pour voir naître au chaos peut-être, une autre fleur.

Eek a Mouse : Love me.

Comments

[Plum]

Euh, à toi aussi mon cher et tendre.

[Raymond]

Joyeux anniversaire, grand mère Tipiak.