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PAN! Thé mort.
10 novembre 2010

Possédée

P1070520

Mohera avait l'impression d'être grignoté par une dizaine d'insectes de grosse taille au niveau des hanches et entre les deux yeux. L'odeur des haricots verts sortis de leur boite en métal avait participé à son malaise, l'ambiance dansait d'une main avec l'heure qui s'affichait sur le micro-onde en petits chiffres scintillants ( des vers luisant de temps donné au beau milieu d'une cuisine équipée ), de l'autre avec beaucoup d'odeurs mélangées dont les haricots verts. Rien de tout ça ne la passionnait, bien sur, mais soudainement son regard jusque là perdu dans le néant routinier des accessoires se pose sur le refrigirateur et y trouve une paire d'yeux qui la fixe.

Les yeux sont d'un bleu pâle invraisemblable, ils sont plantés dans des orbites qui n'avaient jamais existé auparavant, en plein milieu du frigo, collés comme des magnets un peu trop réalistes. Ils bougent très légerement. Les paupières clignent de temps à autre. Les vers luisant  du micro-onde se changent en huit, en neuf, en début de soirée. Mohera a mal au ventre d'avoir peur et mal au crâne de vouloir comprendre mais comme c'est Mohera, elle reste assise face au refrigirateur, ne dit rien, elle regarde des yeux qui la regardent. Ils ont l'air tristes, empreints d'une mélancolie surgelée de meuble qui ne peut que voir, et qu'on ouvre et qu'on ferme. Ils n'arrêtent pas de la regarder.

Quand Mohera se decide enfin à détacher son regard pour changer la position de ses jambes, elle attrape son genoux pour le replier sous elle, et sur la chaise à l'endroit ou se trouvait sa cuisse depuis tout ce temps elle découvre une bouche. Une bouche fine, de garçon ou de fille? Une bouche close qui parfoit s'entre ouvre, parfoit se lèche distraitement la lèvre supérieure. Mohera pousse un cri et se lève dans un bond.

A gauche, sur l'intérupteur du bas, deux oreilles ont frémit. Est-ce une heure pour hurler de la sorte? Mohera sent les insectes de la peur se multiplier en elle, ils mangent son cerveau et son ventre alors que ses instinct la pousse vers le combiné de téléphone, mais quand qu'elle s'apprête à prendre celui ci dans la main elle découvre un nez planté sur le combiné. Un nez aquilin, légerement bossu et dont les narines frémissent doucement. Les insectes mordent, découpent, déchirent l'âme entière de Mohera.Le cobiné tombe sur le sol, le nez s'écrase et se met à saigner, les jambes de Mohera tremblent, ses genoux se cognent, elle entend un sanglot derrière elle. Un gémissant sort de la bouche qui sort de la chaise, des larmes sortent des yeux qui sortent du frigo. La silhouette longue, nerveuse de Mohera se penche, ramasse le combiné, caresse du bout des doigts le nez meurtri.

"Shhht, shht, ça va aller... Je suis, enfin je suis désolée, c'est..."

Mais à qui s'adresser? Elle opta pour le réfrigérateur. Les paupières cessèrent de se plisser, les larmes disparurent.

"Tu.. Vous... Enfin, c'est qu'un vilain bobo. Ca va mieux à présent?

- Ca va mieux oui. Je suis un peu chochotte...

La voix venait de la chaise. C'était ennuyeux de devoir se retourner sans arrêt pour voir des fragments de visage, ainsi Mohera déplaça la chaise à côté du frigo et le combiné sur la chaise, non loin de la bouche, rassemblant ainsi les yeux, le nez, et la voix de sa cuisine. Elle épongea doucement les narines avec un mouchoir.

On ne revit plus jamais Mohera, car elle tomba très vite amoureuse.

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