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PAN! Thé mort.
15 février 2011

Je ne savais pas que.

C'est Barney qui m'a expliqué ça. On buvait du thé bouillant comme d'habitude et Barney me sort ça.  «Tu sais que si tu voyages plus vite que la lumière et que tu te regardes dans un miroir tu ne vois plus ton reflet??»

Cela fait des semaines et je ne dors plus. Je ne dors tellement plus que je deviens pâle, maigre, un fantôme. C'était d'une logique implacable pourtant je n'y avais pas pensé, dès lors des insomnies sont nées, d'observer les étoiles des heures durant et se cogner le crâne sur l'idée qu'elles soient mortes à l'heure ou elles scintillent.

Pour être le personnage d'une histoire il faut être quelqu'un excessivement ordinaire, il se trouve que j'étais cette personne. Je déjeunais du café, je prenais du métro, je faisais des devoirs, je regardais de la télé sans me poser de questions. Parfois je me dis que tout ça est arrivé par la faute de Barney, si moi j'étais une fille ordinaire Barney était le garçon le plus étrange de toute l'école. Juste son sourire  faisait peur.

JA chaque fois qu'il passait à la maison ma peau avait perdu de sa pigmentation, mes cernes se creusaient de mauve et Barney insistait, il parlait d'expériences qui avaient été faites, d'une fusée dans laquelle on pose une horloge et qu'on envoit faire le tour de la Terre. Lorsque la fusée revient l'horloge a perdu une minute et personne ne sait ou cette minute a disparu. Moi je devenais folle.

Une semaine plus tard j'ai voulu prendre mon bus habituel et il n'est jamais passé, ou plutôt... Il passait toujours quelques minutes avant moi. Ne me demandez pas d'être plus claire, j'étais là, mais quand le bus arrivait j'avais l'impression d'être... déjà plus loin que lui, d'être au bon endroit mais au mauvais moment, comme si l'heure n'était pas la même pour moi que pour le reste du monde. En tous cas, je n'ai jamais réussi à monter dans ce bus.

Le problème des insomnies, c'est qu'il arrive un moment ou on ne sait plus si on est éveillé ou si l'on rêve encore. J'étais donc ce fantôme.

Un matin d'octobre je me suis réveillée et, oh je savais bien que ça finirait par arriver :  je n'avais plus de reflet dans le miroir. Très vite il n'y eut plus pour moi ni soir ni matin, ni heures ni attente, qu'un amoncellement de plages vides que moi seule occupait. Barney a sonné à la porte ce matin là, je sais que j'ai ouvert mais pourtant là-bas la porte est resté fermé, c'est Barney qui l'a ouvert lui même. Je sais qu'il ne me voyait pas, je n'étais plus là, j'étais plus tard, plus loin. Il a eut ce sourire qui fait peur et qui lui va si bien, il a trouvé ma mère dans le salon et il a finit par lui dire, l'air le plus heureux du monde, satisfait de son job, que ça n'était pas grave, qu'il repasserait «plus tard».

Fin.

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Commentaires
C
Ca fait plaisir... Y'a pas d'objectif plus sensé que la folie. (:
M
On aurait dit du Ray Bradbury, un peu, donc de la folie géniale.
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