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PAN! Thé mort.
29 novembre 2009

A propos des costumes ( II ).

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Finalement je suis fatiguée. Parce qu'avant même que les choses se passent je savais qu'elles se passeraient ainsi, j'ai immédiatement su que j'étais le pantin de l'affaire. Demandez-moi de trouver que la vie est belle. Demandez moi de n'être qu'amour. L'humain pue la mort à plein nez, les mensonges et les sourires en toc tracent leurs route partout ou je vais, je les sens en moi, et partout, taper du pied ne sert à rien. Voilà exactement la situation :

Le roi organise un banquet. Moi qui trainais les rues depuis quelques temps je me fis engagé par ses soins et j'arrivais dans mon costume brouillé de pluie et rapiecé, accompagné de mes saltimbanques jongleurs et souriant nous allions gaiement prendre par au repas pour fêter l'inauguration des beaux projets du Roi. Espiègle et gourmande la troupe pose ses effets et s'installe à une table du banquet luxueux. Les gens, autours, sujets du roi et haute hierarchie, ont sorti leurs tenue de sang et d'or agrémentée d'une soie sobre et onéreuse montrant ainsi dès le premier regard qu'ils viennent d'ici, et surtout pas de là. Notre malaise n'ayant d'égard que notre appétit, nous faisions attention de ne rien déranger tout en mangeant un peu de çi, un peu de ça, sous le regard nouveau des Sujets intrigués comme on l'est au zoo, devant les chimpanzés. Notons ici que les chimpanzés sont intriguants uniquement parce que nous leurs ressemblons. Voilà donc le tableau de ces gens qui s'observent comme derrière un miroir, comme derrière des barreaux. Ca ne dure qu'un instant.

De fil en aiguille on tricote un pull-over, la foule se presse pour assister au repas du Roi et chacun doit être satisfait. La place venant à manquer on demande aux saltimbanques de bien vouloir ceder leur chaises. On leur sourit, avec ce sourire vous savez. Ce sourire. C'est si subtile que ça me fait serrer des poings. On leur sourit donc, et on fait en sorte d'oublier qu'ils sont là. Le roi vient me sourire aussi, on me demande si tout va bien. Bien sur, tout va bien. On a eloigné notre table avec politesse et la fête à présent, se déroulait bien car les costumes étaient assortis. Les tissus rapiecés et les sihouettes vagabondes hors du tableau, la vie du Roi suivait son cours. Mes services à ses côtés débuteraient demain matin, la pluie aura cessé de tomber et une fois la fête terminée, le travail allait commencer.

La nuit, je voyais en rêve le Roi qui me détaillait du regard. Il cherchait en observant ma posture et mes vêtements à savoir qui j'étais, il éclatait parfois de rire et resserrait l'impeccable col de sa chemise blanche en lissant ses cheveux gominés. Il parlait fort, il était sur de lui, trés confiant en vérité. Je me dis que cette assurance est en fait un fusil à pompe sans cervelle, qui démonte chaque chose qui le gène et qui avance heureux. Confiant. Voilà ce que je me dis en me réveillant, à l'instant précis ou les soldats frappent poliement à la porte, pour me dire poliement et avec ce sourire, que le Roi, finalement, se passera de mes services. La vérité sous-entendue c'est : Votre Costume ne met pas le Roi en confiance. Les soldats ajoutent que le Roi est vraiment désolé. La vérité sous entendue c'est : Le Roi s'en fout royalement. Et enfin les soldats ajoutent que le Roi garde bien sur mes coordonnées. La vérité sous-entendue c'est : Si un jour tu change de Costume et que tu me ressembles, j'envisagerai peut-être de te rencontrer.

Finalement je suis un bouffon fatigué. Parce qu'avant même que les choses se passent je savais qu'elles prendraient leur tournure la plus humaine, la plus petite, et donc la plus attendue.

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Commentaires
R
Finalement qu'est ce qui nous gène le plus dans ces situations? L'injustice ou la bêtise?<br /> <br /> Pour ma part c'est la seconde qui me rend triste et la première qui m'agace parce qu'on peut rien y faire ou si peu.
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