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PAN! Thé mort.
5 janvier 2010

Théïne et piraterie.

doyou

Elle avait enfilé un manteau de velours sérieux et de rage silencieuse, elle avait l'opinion de ceux qui ne sont pas d'accord et quelque chose la poussait trop souvent à garder le silence, parce qu'elle voulait garder le dos lové contre le dossier de bois brut de son fauteuil factice, elle voulait n'être que regard et intention. L'humilité personnifiée. Des paroles elle avait gardé le souvenir acide et piquant de l'incohérence, quand aux actes? Les voilà qui courraient toujours avec fougue, chevaux sauvages dans la vie courte, à brouter l'herbe humide des conséquences sans discours et sans règles.

Elle avait voulu écrire à nouveau mais lorsque la mine touchait le papier elle se cassait contre la surface rugueuse et hostile, l'incroyable animale faisait la tronche infiniment et si elle mourrait sans tenir ses promesses qu'allait-elle devenir? Marcel avait une lassitude dans la voix qui sonna à ses yeux comme une urgence informe et dure à encaisser. C'était pas réellement le moment pour chialer, pas réellement tu vois.

La veille, la chose était revenue comme elle venait parfois : Une secousse entre les tempes et derrières les oreilles fatiguées. En fermant le pores de sa peau et les paupières de sa folie elle arrivait à présent à dompter la bestiole aux cheveux de feu, elle bandait tous ses muscles et récitait d'un rythme dur ce qu'elle s'était toujours promis, à force d'essoufflement et de lèvres mordues elle parvenait enfin à faire taire l'incendie. Les courants éléctriques cessaient de la briser, elle se sentait alors d'une force et d'un courage unique qu'elle ne pouvait partager avec personne d'autre que son propre sommeil. Milo devenait pâle et courbait l'échine.

-Comment est-ce que tu peux trouver tout ça normal?
-C'est pas le paradis et tu n'es pas un ange, épargne les sarcasmes. Je dis que c'est normal. Moi aussi ça m'arrive.
-De prendre feu?
-De prendre feu.
-C'est monstrueux tu vois. Pourquoi avoir mis un chaos potentiel en moi? Tu n'aurai pas du.
-Tu n'es pas épargné Milo, plus tu seras autonome plus tu découvriras les chiens fous qui t'habitent. Libre à toi d'apprendre à les dresser avec grâce, et libre à toi de les laisser courir.
-Et libre à toi de souffrir à travers moi? Tu parles d'un équipage.

Elle eut un sourire implicite et jeta son mégot dans les vagues. En vérité il n'y avait pas d'équipage, pas de lui, pas de nous. Il n'y avait qu'elle, elle seule et l'immensité des possibles de l'imaginaire. La beauté et le pragmatique levaient l'ancre sous la peau fine de son crâne et de ses décisions, elle rentrait à Mille-Pourpre, le soleil se levait sur Bruxelles et la vie reprenait en se trainant un peu alors qu'elle ajoutait, dans le papillonnement de son réveil, un sucre dans son thé, des chaussettes à ses pieds.

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