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PAN! Thé mort.
12 avril 2010

22h31.

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Elle s'est endormie dans mon dos. Je veux dire que Perrine vient de s'endormir et que moi je suis là. Alors que la nuit pointe l'aiguille de son heure tardive et me pose le pied sur la rive, alors que la fumée d'une cigarette s'obstine à rentrer dans ma tête par le trou de la bouche. Par le trou des yeux je vois l'ambiance en friche d'une maison tassée dans ses murs, une maison de pauvre gens ardamment décorée d'amour, et surchargée d'antiquités. L'angle des murs n'y est pas droit, des fils electriques dégeulent de partout, une pancarte y mentionne "Hotel"pour décorer, beaucoup de poussière sous les meubles repeints, et quelques chats malades qui sèment leurs poils sur des coussins ocres et framboise. Elle s'est endormie fatiguée, peu de temps aprés que le camion démarre pour ramener chez eux les protagonistes du Peuple. Je crois que le bonheur, de par la brieveté de ses passages, m'ordonne de ne pas m'écrouler de suite oh bien sur, m'ordonne de deviner la suite.

La soleil imbécile s'est frotté sur les peaux, d'une lèpre invisible a lavé les morceaux pour ponçer nos blessure et faire luire nos joyaux, sans transition. Un mince filet d'amour s'est filé dans ma manche alors qu'on discutait autours d'un café noir, crème, sans sucre, sans histoire. Je savais pas vraiment. Je me suis laissé faire.

Milo saisi mes doigts au vol, marche avec moi peau dans la peau. Dans les abîmes d'océan noir le capitaine Jama n'a plus rien d'un humain, il fait dix fois la taille d'une créature normale, des aiguilles de montres et des cadrans d'horloge sont plantés dans le cuir de sa peau, c'est devenu une montagne obscure qui parle peu et fume beaucoup de cigares dans une cabine close qui ne laisse pas entrer le jour. Le maître des ténèbres fait la gueule dans sa chambre et depuis combien de temps son équipage ne s'est-il pas battu? Milo saisi mes doigts au vol, avec les mômes et les géants on s'endort ensemble au réveil, comme un tas de fringue sur une chaise. Et je laisse à Mille-Pourpre ce qui appartient à Mille-Pourpre.

J'aimerai construire des choses comme des chateaux de carte, creuser des océans, des rivières et des jungles. La vérité c'est que je ne fais que des gribouilles, et la vérité c'est que j'aime bien ça. Mais la vérité c'est aussi le capitaine Jama dans sa cabine et je me demande ce qu'il fabrique, alors un jour je rentre dans la mer et je vois son écume grise qui me suit de trés prés, l'eau n'est pas froide parce que c'est comme un rêve, je vois l'énorme visage de Jama endormie, tellement énorme que je dois entrer la tête par le hublot pour en voir le sommet du crâne. C'est là que j'apperçois que le haut de sa tête est sectionné, j'apperçois que son crâne est comme une boite à cookies vide en métal singulier, la boite est ouverte devant moi et un tas de mécanismes trés fins comme des pattes d'insectes sortent d'elles et s'affairent autours d'une machine qui occupe la place centrale de la boite. Les mécanismes tapent sur les touches de la machine et en les voyant s'activer dans une danse que je connais bien, alors que le vent souffle sa tempète sur Mille-Pourpre, je comprends l'absence et le mutisme prolongé du capitaine Jama. Je crois qu'il est en train d'écrire un livre.

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