Rideau de la méduse.
Paris, Bruxelles, le ciel plombé par l'absence de couleur, mes retours en arrière, mes millions de secrets qui s'entassent, la théière qui fait des bonds. Il y a des bancs de poissons qui traversent les routes, sous la pluie bleue et grise, des poissons qui partent de mon entre-côte, filent vers le ciel, et ne reviennent pas. Des souvenirs en écailles.
Le bonheur est de nouveau entre mes doigts blancs mais il est mort de trouille. Il est trop souvent tombé bien au chaud pour finalement se faire buter, et surtout, il sait que je suis un démon. Une véritable peste. On se regarde, comme ça, on se dit rien. Je me suis planté à chaque seconde de certitude.
Maintenant j'ai faim. Maintenant. On fait de la luge dans les escaliers, assis sur un matelas qui glisse a petite allure sous les rires. J'ai appris un mot : Maintenant. On danse, on boit, on sort, on ne se prend plus au sérieux. On est comme les autres, peut-être même en pire, d'une insolente jeunesse et d'une envie de vivre.
Est-ce que tu te souviens d'avant? Tu dois avouer que toi aussi tu as oublié la moitié. Des scènes impressionnistes, voilà tout ce qu'il reste, des sensations, des odeurs vagues. Pourquoi déjà est-ce que tu m'as tué? J'ai oublié. Absolument tout.
Janvier c'est le mois ou j'ai la sensation de ne plus savoir écrire. Ne plus savoir rien faire et n'avoir jamais su. Il y a ceux qui ont du talent, et ceux qui ont juste une petite facilité. Sortez vos flingues, on va se battre encore.
Je suis en train de comprendre que je suis quelqu'un qui abuse, une fenêtre fermée, rideau de la méduse, un peu de méchanceté. Que je suis des arnaques et des ruses, un ventre de secrets, une horreur un déluge, un yaourt périmé.